Patience !

imagesOui c’est l’adaptation de ce très beau roman qui est actuellement sur les écrans. Je recommande la lecture de ce texte d’ATIQ RAHIMI. J’aurais bien aimé pour ma part le mettre en scène. Car il me semble que ce texte est à la base un monologue de femme, un huis clos, plus adapté au théâtre, que le cinéma. Néanmoins, j’ai hâte de découvrir l’adaptation de Jean-Claude Carrière co-écrite avec l’auteur. L’avez vous vu, ce film ?

Une femme veille sur le corps de son mari, blessé d’une balle dans la nuque par l’un des hommes de sa milice, et plongé depuis trois semaines dans un coma profond. Cet homme, aux yeux grand ouverts et au souffle régulier comme les prières inlassables de son épouse qui le maintient en vie par perfusion d’eau sucrée-salée, est un combattant de toutes les luttes qu’a traversées son pays. Homme d’armes et de guerre, il fut un mari absent, violent, marié en son absence à cette jeune femme dont il a eu deux filles. La femme entame un long monologue avec son mari, faisant de lui selon un verset du coran sa syngué sabour, sa pierre de patience, présente pour recueillir les confessions du monde et les absorber jusqu’à son implosion finale. Elle lui dévoile tous ses secrets d’enfance, de jeune fiancée mariée par son père, et d’épouse qui malgré la peur et la violence de son époux a appris à l’aimer. Les confessions se succèdent…

Martin Page avec L’Apiculture selon Samuel Beckett

samuel-beckett-john-nolan« Car en moi il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu’à rester où il se trouve, et celui qui s’imagine qu’il serait un peu moins mal plus loin. » Samuel Beckett (Molloy). Martin Page est un auteur qui ne craint pas la fantaisie. Il semblerait que Beckett, n’en manqua pas non plus, dans son existence parisienne, à la fin des années 80. Biographie décalée, ce texte court met en scène l’auteur de légende, en chemise à fleur et barbe fleurie. Flanqué d’un étudiant qui ressemble à Martin P. comme un frère, Samuel va partager ses frasques en fabricant à quatre mains de fausses archives-Beckett, pour les universitaires, qui fétichisent chaque fragment de leur idole. Il y a là, au-delà de la foucade, un jeu sur la fabrication de la figure de l’artiste. Un livre court, souriant et sympathique.

Divine ?

 

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Ladivine de Marie NDiaye.

« S’ils ne le méritent pas, on n’est pas obligé d’aimer ses parents, pas vrai ? » Au départ un roman hardi ! Ladivine. Personnage de femme. De femmes. Personnages gigognes. Lignée. Honte. Filiation. Père inconnu. Sortilège. Reniement. Vacances en famille. Envoutement. Charme… comme on dit. Grand chien. Un roman à l’écriture travaillée, raffinée. Un labyrinthe où l’on aime de perdre et parfois, trop démuni, craindre de se perdre encore. Mais n’est-ce pas là ce que l’on cherche en tant que lecteur ? Ecouter la musique de l’œuvre. Suivre, chercher à comprendre, émettre des hypothèses de lecture, s’approprier le livre. L’auteur joue ici, avec nos frustrations. Néanmoins le bel enthousiasme d’écriture de la première moitié du livre s’atrophie un peu, quand, à force de drame, cette tragédie s’assombrit encore, ça patine un temps, ça smurf…Ca scratche un peu sur les platines ! Néanmoins Ladivine est une œuvre intéressante, ce livre reste en mémoire.

Profanes de Jeanne Benameur.
À conseiller !

Très joli livre émouvant qui a questionné mon rapport au sacré et au profane ! MF

Ancien chirurgien du coeur, il y a longtemps qu’Octave Lassalle ne sauve plus de vies. À quatre-vingt-dix ans, bien qu’il n’ait encore besoin de personne, Octave anticipe : il se compose une “équipe”. Comme autour d’une table d’opération – mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve. Il organise le découpage de ses jours et de ses nuits en quatre temps, confiés à quatre “accompagnateurs” choisis avec soin. Chacun est porteur d’un élan de vie aussi fort que le sien, aussi fort retenu par des ombres et des blessures anciennes. Et chaque blessure est un écho.
Dans le geste ambitieux d’ouvrir le temps, cette improbable communauté tissée d’invisibles liens autour d’indicibles pertes acquiert, dans l’être ensemble, l’élan qu’il faut pour continuer. Et dans le frottement de sa vie à d’autres vies, l’ex-docteur Lassalle va trouver un chemin.
Jeanne Benameur bâtit un édifice à la vie à la mort, un roman qui affirme un engagement farouche. Dans un monde où la complexité perd du terrain au bénéfice du manichéisme, elle investit l’inépuisable et passionnant territoire du doute. Contre une galopante toute-puissance du dogme, Profanes fait le choix déterminé de la seule foi qui vaille : celle de l’homme en l’homme.
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«Le profane étymologiquement est celui qui reste devant le temple, qui n’entre pas. C’est ainsi que je me sens. Et je ne peux pas échapper à la question. À quoi arrime-t-on sa vie pour avancer, jour après jour ? La route que choisit Octave Lassalle, c’est les autres. Trop seul dans sa grande maison depuis tant d’années, il décide de s’entourer. Quand la famille fait défaut, quand la religion n’est pas de mise, il reste l’humanité. Et la seule carte du monde qui vaille, c’est celle, mouvante, des hommes et des femmes sur terre. Le roman est tissé de ces vies qui se cherchent et se touchent, des vies trébuchantes, traversées d’élans et de doutes qui trouvent parfois, magnifi quement, la justesse. C’est du frottement de ces vies imparfaites qu’Octave Lassalle cherche à être enseigné, retournant ainsi les Évangiles. C’est de ces points de contact improbables qu’il attend les seules épiphanies possibles. Des épiphanies profanes. Humbles.Chacun des cinq personnages du roman a connu un moment dans son existence où la foi en quoi que ce soit de transcendant s’est brisée. Chacun des cinq va peu à peu reconstruire une route, sans dogme ni religion, pour retrouver la foi dans l’être humain, ici et maintenant.J’ai écrit ce roman, comme Hélène, la femme peintre, en passant par les ombres de chacun pour qu’ils apparaissent peu à peu, dans la lumière.Dans les temps troublés que nous traversons, où les dogmes s’affrontent, n’offrant de refuge que dans la séparation, j’ai voulu que Profanes soit le roman de ceux qui osent la seule liberté à laquelle je crois : celle, périlleuse, de la confi ance. Cette confi ance qui donne force pour vivre. Jusqu’au bout.» Jeanne Benameur

Coup de coeur pour Mélo, le roman de Frédéric Ciriez.

éd.Verticales.

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Enfin… un texte original. Enfin… une « écriture nouvelle » aussi ! Cette nouvelle voix du roman français signe-là son deuxième ouvrage. A déguster. J’ai particulièrement apprécié son personnage « Parfait de Paris », il est éboueur à Paris, la journée et quand vient la nuit… il se transforme en ambianceur congolais, sapeur-roi de la fringue. Je ne soupçonnais pas tout ce pan de culture-black urbaine. So fun !