Enfin un livre désopilant, léger et vraiment déjanté comme je les aime…
Voici le dernier Alan Bennett dans la traduction française de Pierre Ménard.
La Reine des lectrices d’Alan Bennett (Denoël). … À ce détail près qu’il va séduire et faire rire un lectorat plus large que mes O.L.N.I.S préférés tels, le déjà cité Des néons sous la mer de F. Ciriez. Ici j’ai aimé au delà du rire la réflexion sur le pouvoir subversif de la lecture ! C’est vraiment très bien !
Présentation de l’éditeur
Que se passerait-il outre-Manche si, par le plus grand des hasards, Sa Majesté la Reine se découvrait une passion pour la lecture ? Si, tout d’un coup, plus rien n’arrêtait son insatiable soif de livres, au point qu’elle en vienne à négliger ses engagements royaux ? C’est à cette drôle de fiction que nous invite Alan Bennett, le plus grinçant des comiques anglais. Henry James, les sœurs Brontë, le sulfureux Jean Genet et bien d’autres défilent sous l’œil implacable d’Elizabeth, cependant que le monde empesé et so british de Buckingham Palace s’inquiète : du valet de chambre au prince Philip, d’aucuns grincent des dents tandis que la royale passion littéraire met sens dessus dessous l’implacable protocole de la maison Windsor. C’est en maître de l’humour décalé qu’Alain Bennett a concocté cette joyeuse farce qui, par-delà la drôlerie, est aussi une belle réflexion…
Biographie de l’auteur
Alan Bennett est une star en Grande-Bretagne, où ses pièces de théâtre, ses séries télévisées et ses romans remportent un succès jamais démenti depuis plus de vingt ans. La Reine des lectrices est son quatrième roman publié chez Denoël.
Pour les Toulousains, je signale un autre texte du même auteur, actuellement à l’affiche d’un (bel et bon) spectacle Laurent Pelly « Talking Heads » jusqu’au 4 avril à l’affiche du TNT.
L’interprétation comme la mise en scène servent efficacement un propos plus grave « tout est merveilleusement formidaaable ! Mais quand même cette dame qui est train de nous parler de sa vie de bureau est assez seule. D’ailleurs, personne ne la supporte. En plus, elle est malade. Mais prenons un autre exemple. Voilà cette fois une dame des plus épanouies. C’est seulement sa voisine d’en face qui a un problème. Pas très important: elle vient d’assassiner son mari… ».
Au pays, dernier roman de Tahar Ben Jelloun (Gallimard).
Belle écriture (comme souvent) chez cet amoureux de la langue française. Rien de révolutionnaire, un livre dont on croit avoir déjà lu le résumé quelque part, vu le film, tant les images arrivent seules et glissent vers nous facilement. Un texte simple, humble qui met en scène un /chibanis/, un / »//cheveux blancs »/. Un de ces travailleurs immigrés, qui ont quitté leur pays lors des « trente glorieuses », quand la France avait besoin de bras. A quelques mois de la retraite, Mohamed, prend conscience que sa vie professionnelle se termine et imagine à présent ce que sera sa vie de père de famille à la retraite au bled. Il rêve. Problème ses enfants nés en France ont fait leur vie ici et ne sont pas en phase avec les chimères et autres traditions qui enchantent le père. Mohamed va donc rêver et vieillir seul en compagnie d’une femme « qui est toujours d’accord » et qui dort un peu plus loin et un fils mongolien, attachant.
Ce rêve secret, c’est tout ce qui reste à Mohamed lorsque résonne à ses oreilles un mot qu’il tentait, jusqu’ici, de ne pas entendre. Un mot couperet que, dans son français imparfait, il prononce / »lentraite »/ : / »Ce n’était pas la mort, c’était quelque chose qui s’en rapprochait /(…)/, la voix lui signifiait quelque chose de précis, de définitif, d’irréversible. Arrêter de travailler, rompre un rythme acquis depuis une quarantaine d’années, changer ses habitudes, ne plus se lever à 5 heures du matin, ne plus passer sa blouse grise /(…)/. C’était l’ennemi invisible, l’ennemi ambigu, car si pour les uns, elle était synonyme de liberté, pour lui, elle était synonyme de fin de vie. (Le Monde)