« Car en moi il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu’à rester où il se trouve, et celui qui s’imagine qu’il serait un peu moins mal plus loin. » Samuel Beckett (Molloy). Martin Page est un auteur qui ne craint pas la fantaisie. Il semblerait que Beckett, n’en manqua pas non plus, dans son existence parisienne, à la fin des années 80. Biographie décalée, ce texte court met en scène l’auteur de légende, en chemise à fleur et barbe fleurie. Flanqué d’un étudiant qui ressemble à Martin P. comme un frère, Samuel va partager ses frasques en fabricant à quatre mains de fausses archives-Beckett, pour les universitaires, qui fétichisent chaque fragment de leur idole. Il y a là, au-delà de la foucade, un jeu sur la fabrication de la figure de l’artiste. Un livre court, souriant et sympathique.