Hommage à Isabelle Paget, comédienne-marionnettiste.

MIAM MIAM« Comme beaucoup d’entre vous, j’étais- et je suis l’ami d’Isabelle Paget.
Isabelle cultivait les amis, ses amis. Elle nous cultivait comme d’autres cultivent les pivoines, les jonquilles, les narcisses.
Experte en jardins secrets. Je crois bien comme vous, peut être, comme toi. Je crois bien « être son meilleur ami ». Avec chacun, elle établit ce rapport exceptionnel d’être meilleure amie. Celle qui parle tant au cœur qu’à l’âme. Celle avec qui on passe de l’éclat de rire superficiel au sourire profond. Sans jugement. Ensemble nous avons rêvé, répété, joué, fait des tournées dans des lieux improbables ou sur des scènes nationales, mangé des fruits de mer autant que des nouilles. Voyagé en camion, en caravane. De la Bretagne au Sénégal. Rencontré des amis qui sont devenus des amis communs et forts.
Ensemble nous ne rêvions pas seulement à changer le monde par le théâtre mais aussi de façon opérative et fraternelle. Passant des nourritures spirituelles aux nourritures terrestres, hors scène, nous avons fait un pari qui nous dépassait. Créer une cantine scolaire à Fatick au Sénégal. Ce pari serait resté « une idée, sans conséquences » si nombre d’entre vous, amis d’Isabelle, n’aviez pas souscrit par votre confiance et vos dons, à ce projet, qui durant plusieurs années a nourri jusqu’à 150 lycéens du lycée Coumba N’dofféne Diouf. A l’ouest du Sénégal entre M’bour et Kaolac comme ailleurs sur cette terre, Isabelle a laissé des souvenirs remarquables.
A Petit Palays, nous avons organisé des fêtes qui rassemblaient de très nombreux amis. Les fêtes de Tédanga étaient des fêtes joyeuses et belles, décorées de tournesols, des soleils d’Ariège qui prenait des airs de terre-d ‘Afrique.
Souvent Isabelle m’a dit voyage encore, va, il faut voir le monde. Fais le tour de l’orange bleue. Il faut « voir le monde ». Oui Isabelle, la terre est bleue comme une orange et même si c’est Eluard qui l’a écrit, c’est toi qui a guidé mon regard. Cette terre par ton regard, est devenue céleste. Depuis quelques jours je ne suis plus très sûr de rien, de ce que je croyais croire ou ne pas croire, comme ta marionnette « le crapaud » : Je crois… néanmoins  dans ces moments d’amour et de fraternité qui nous unissent pour toujours ».

Marc.