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Paradis-éprouvette

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Critique de la version 1 Chantier théâtral Bobards (Toulouse- Théâtre du Grand Rond mai 2008)
« (…) toute cette humanité faite de jeunes filles et de barmen, de couples aux allures d’animaux malades, de pingouins, de solitaires et d’empêchés ; d’amoureux, de violents ; de bandes de copains, de rigolards pitoyables. De Geneviève la compteuse, de la febbe balade (comprendre la femme malade, en langue chargée de microbes). De vous, de moi. Instruments et voix accompagnent la musicalité des mots ; une évocation mouvante sans narration prolongée, requérant du spectateur une participation intérieure, l’usage de cette part d’imaginaire dévolue à chacun sans laquelle il n'est pas de belle image, d'émotion, de musique pour l’âme.
L’exercice exclut l’éclat de voix et la pleine lumière. Ce ne sont donc qu’ombres et figures perdues, des paroles dont la portée s’éteint dans l'espace circonscrit par la vitrine et le comptoir. Sur scène, des panneaux noirs couverts de mots, d’immenses verres brillants aux pleurs crissants, une guitare sans cesse réaccordée, glaçons géants et tabourets ; des phrases inscrites, projetées, imprimées, tirées du papier, du plastique ou de la gaze, épisodes, fragments et aperçus d’un univers devenu étrangement parallèle à celui dont il est issu…

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Voici une ambiance très particulière, mélancolique et feutrée. Pas vraiment triste, non, car restituant à merveille l’ambiance du café, de tous les cafés, et traçant en peu de traits le portait composite de l’homo bibens - l’homme buvant, sans autre exception aux exigences de la lucidité que les illusions de la poésie. Et tendre de se sentir une part de cette humanité de comptoir, de cette solitude collective.
Les lumières sont magnifiques, les projections figées, la musique - tantôt grondante, tantôt tintinnabulante - minimale. C'est un arrêt sur image dans un film Nouvelle Vague. L'homme y semble étranger de nous être si proche, jamais si fidèlement peint que déformé par le verre.
Allez, encore un petit coup  ? »
Jacques-Olivier Badia (mai 2008- lecloudanslaplanche.blogs.fr)

 

boBARds

café solo…

Voici une perception in-ordinaire du bistrot. Une « galerie contemporaine d’expressos. ». Des instantanés forts de café (pas forcément fort en gueule). Peu de boit-sans-soif. Des voix qui disent le manque, l’attente, le sas. Place aux sensations, aux troubles, aux bruits de verres, de bouteilles, de percolateurs. Ici on peut « presque tout commander » ! Un demi bien frais, un chocolat chaud, un jambon beurre, une table à soi, un îlot d’intimité ou un bruyant tabouret-tapas !
Le pingouin surveille l’œil en coin. Son nœud papillonne.
Des ombres silhouettent un paysage humain parfois surpeuplé, peignant malgré cela, des figures solitaires. À l’image de la buveuse d’absinthe peinte par Degas, les portraits s’accrochent les uns aux autres, contemporains ceux là… Les objets s’en mêlent : le cendrier, tel un fantôme, sort de sa réserve et raconte les traces de vies recueillies en cendres. Plus de cigarettes ici !

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Extrait :

Narrateur,
En terrasse des tasses et des nez qui trempent encore depuis des heures
Le pingouin dressé surveille l’œil en coin. Son nœud papillonne, il est dix neuf heures.
Un vieux mâchonne un bout de madeleine tirée d’un plastique y mêle deux trois larmes qui coulent, c’est un tic. Identiquement, dans tous les bistrots, une femme attend. Ici elle est particulièrement identique aux autres, jupe sans couleur, le teint pâle elle se remaquille comme elles le font toutes. Sortie de bureau. Rideau va se lever sur la scène quotidienne. Elle attend, le retour du marin, du mari ou du pas marrant. Le pingouin se trémousse dès qu’il passe près d’elle, offre les cacahuètes, lui jette un œil vif, elle prend un vin doux. Les étudiants débarquent demandent des bocks, et rient. Racontent des astuces la triche et les tusts, le stress, les acides qu’ils prennent pour tenir. Profdemath’etd’matièredemesdeuxscienceetvied’ laterred’monculrienàfout’ Les v.r.p viennent fêter les victoires du jour. On dé-serre un peu la cra-cravate et on po-pose sa mallette et ses né-nerfs. Une encyclopédie fourguée à une retraitée pour l’un. Une Peugeot d’occasion pour l’autre.
– « Et une tournée de guignolet pour mes deux guignolos ! ».
Le patron monte un peu la musique. Ici les coupes de l’équipe de foot trônent en majesté sur l’étagère.
Un couple à têtes d’animaux malades entre. Ils sont serrés l’un contre l’autre. La femme joue au petit faon, l’homme au grand singe, ils sont assez réussis.
Pop pop le bouchon dit le pingouin à la femme qui attend. Allez mettez m’en un dernier répond-elle en entier.
A l’arrière du café Geneviève retire ses souliers. Geneviève est une habituée qui n’aime que compter. 1,2,3 tabourets. Et cinq toiles d’araignées. 10 verres sur le plateau. Il me reste 3 euros. Bert s’appelle en fait Robert mais son ami Louis a un fort accent chti. Boivent un chti t ’bière parfois un picon-bièr !

 


MJC Roguet (Toulouse) en novembre 2008

Photos de presse à télécharger

L’auteur du projet :

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Marc Fauroux, 41 ans, est comédien et metteur en scène de théâtre. Auteur d’une dizaine de pièces, toutes représentées en scène. Associé à des équipes de création de marionnettes et formes animées, chanteurs et auteurs de spectacles musicaux. Toutes « ses curiosités » synthétisent un seul axe de recherche : l’écriture contemporaine.

L’équipe :

Comédiens de la compagnie Paradis-éprouvette, Christophe Anglade et Iris Lancery participent déjà ensemble aux spectacles de lectures tels Mon beau miroir, Les Bons tuyaux, Les Boites à poèmes et au groupe de recherche « laboratoire vocal » à l’Éprouvette. Ils s’intéressent à la musique vocale contemporaine et aux textes dramatiques d’aujourd’hui.

Accueil de la création :

à Toulouse
• Acte 1 : Théâtre du grand rond, rue des Potiers, mai 2008.
• Acte 2 : ouverture du festival électro-acoustique MJC Roguet, novembre 2008.
• Création finale printemps 2009, Centre culturel Alban-Minville

Production / diffusion :

Cie Paradis-éprouvette
Association Loi 1901. En résidence au Théâtre l'éprouvette –Ville de Colomiers 23 allée du Mâconnais BP 143 31774 Colomiers cedex
05 34 36 90 36
06 81 39 39 01

Article de presse